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Le 23 dĂ©cembre 2019 restera dans lâhistoire de la CĂŽte dâIvoire comme un jour sombre pour la dĂ©mocratie. Ce jour-lĂ , Guillaume Kigbafori Soro, PrĂ©sident de GĂ©nĂ©rations et Peuples Solidaires (GPS), ancien PrĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale, ancien Premier ministre, et candidat dĂ©clarĂ© Ă lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2020, qui revenait dâun pĂ©riple de 7 mois en Europe et en Afrique, voyait son avion dĂ©routĂ© vers Accra, au Ghana, par la force des choses. Les autoritĂ©s ivoiriennes avaient dĂ©ployĂ© au sol, un escadron surarmĂ© chargĂ© de prendre dâassaut l’aĂ©ronef le transportant dĂšs que celui-ci aurait atterri. Le pilote a pris la dĂ©cision de sauvegarder son avion, son Ă©quipage et ses passagers en les dĂ©routant vers l’aĂ©roport le plus proche.
Furieux de nâavoir pas pu mettre la main sur celui quâil considĂšre dĂ©sormais comme son ennemi intime, alors qu’une geĂŽle venait d’ĂȘtre fraĂźchement amĂ©nagĂ©e pour le recevoir, Alassane Ouattara a ordonnĂ© qu’un mandat d’arrĂȘt international soit dĂ©livrĂ© Ă son encontre. Dans le mĂȘme temps, une rĂ©pression brutale, sauvage sâabattait sur ses partisans : arrestations massives et bastonnades dans les rues dâAbidjan, convois de cars bloquĂ©s aux portes de la capitale, siĂšge de son mouvement encerclĂ© puis pris dâassaut par des forces rĂ©galiennes doublĂ©es de miliciens encagoulĂ©sâŠ. Cet Ă©pisode a de toute Ă©vidence signĂ© le basculement du rĂ©gime Ouattara dans l’Ăšre de la dĂ©rive autoritaire et brutale.
Le mandat dâarrĂȘt annoncĂ© et pris dans la foulĂ©e, en pleine nuit, aprĂšs une visite nocturne du ministre de la Justice au domicile du PrĂ©sident nâa pas prospĂ©rĂ©. LâillĂ©galitĂ© et lâillĂ©gitimitĂ© de ce mandat Ă©taient si flagrantes quâaucun pays, jusquâĂ prĂ©sent, nâa dĂ©cidĂ© dây donner suite. Interpol a refusĂ© de mettre le PrĂ©sident de GPS sur sa liste des personnes recherchĂ©es. Et pour cause : le seul crime commis par Guillaume Soro, câest dâavoir refusĂ© dâintĂ©grer le parti prĂ©sidentiel et dâavoir choisi de suivre son propre chemin. Alassane Ouattara a vu dans cette forme dâindĂ©pendance une menace pour son autoritĂ©, craignant que ses Ă©lecteurs ne choisissent un candidat plus jeune et plus moderne.
Ătre opposant Ă Ouattara est devenu un crime d’Etat, un crime de lĂšse-majestĂ©. Tout le monde doit militer au RHDP - transformĂ© en parti unique ou en parti-Etat, on ne sait plus trop - sous peine de subir les foudres du rĂ©gime. Dans ce cas, se pose une question essentielle : quâadvient-il dâune dĂ©mocratie dans laquelle lâopposition politique est criminalisĂ©e ?
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Dans toute dĂ©mocratie vĂ©ritable, lâopposition joue un rĂŽle essentiel : elle sert de contrepoids au pouvoir, propose des alternatives et porte la voix des minoritĂ©s. En CĂŽte dâIvoire, sous le rĂ©gime dâAlassane Ouattara, cet Ă©quilibre dĂ©mocratique a Ă©tĂ© mis Ă mal. La tentative dâarrestation de Guillaume Soro et les poursuites judiciaires qui sâen sont suivies tĂ©moignent dâune stratĂ©gie systĂ©matique visant Ă Ă©liminer un rival politique perçu comme une menace. Les accusations formulĂ©es contre Soro — atteinte Ă lâautoritĂ© de lâĂtat, insurrection civile et militaire — reflĂštent moins une recherche de justice quâune volontĂ© de criminaliser toute forme dâopposition au pouvoir du RHDP, en la faisant passer pour un danger pour la stabilitĂ© nationale. Ainsi, sâopposer Ă Alassane Ouattara revient Ă tenter de dĂ©stabiliser la CĂŽte dâIvoire. La CĂŽte dâIvoire et Alassane Ouattara sont donc la seule et mĂȘme entitĂ©. “LâĂ©tat, câest moi !” avait dit Louis XIV, signifiant ainsi l’absolutisme et la centralisation de son pouvoir.
Dans cette affaire, et comme câest tristement le cas dans les dictatures, la justice n’est qu’un lubrifiant pour mieux administrer le suppositoire de lâarbitraire. Et la justice ivoirienne sâest illustrĂ©e de la pire des maniĂšres, en se posant en lubrifiant docile et obĂ©issant de Ouattara and Co. Des individus, arrĂȘtĂ©s le mĂȘme jour, dans le mĂȘme lieu et pour les mĂȘmes raisons, ont nĂ©anmoins reçu des verdicts profondĂ©ment divergents. Ces Ă©carts de traitement ne reposaient pas sur les faits ou la gravitĂ© des accusations, mais uniquement sur leur acceptation ou leur rejet de Guillaume Soro. La vĂ©ritĂ© judiciaire a cĂ©dĂ© la place Ă une logique dâallĂ©geance : ceux qui se dĂ©solidarisaient de Soro voyaient leur sentence attĂ©nuĂ©e, tandis que les fidĂšles Ă©taient lourdement condamnĂ©s. Ainsi, les principes Ă©lĂ©mentaires du droit se sont effacĂ©s, laissant place Ă une justice aux ordres. Comme lâĂ©crivait Montesquieu, « Il nây a point encore de libertĂ© si la puissance de juger nâest pas sĂ©parĂ©e de la puissance lĂ©gislative et de lâexĂ©cutrice. » En CĂŽte dâIvoire, cette sĂ©paration nâest plus quâune illusion tragique. LâĂ©mission rapide dâun mandat dâarrĂȘt international, les procĂšs expĂ©ditifs de ses partisans et lâarrestation de dĂ©putĂ©s sans levĂ©e prĂ©alable de leur immunitĂ© parlementaire sont autant de confirmation que l’Ătat de droit est mort en CĂŽte dâIvoire et que câest la justice qui a enfoncĂ© le dernier clou dans son cercueil.
En assimilant les divergences politiques Ă des actes criminels, Alassane Ouattara et son clan Ă©touffent toute possibilitĂ© de dĂ©bat constructif et de contradiction pacifique. Cela ne peut produire que du nĂ©gatif. LĂ oĂč les voix pacifiques sont Ă©touffĂ©es, la rage ou la colĂšre se font entendre. Kofi Annan nous avait pourtant avertis : « La justice doit ĂȘtre une main qui unit, non une arme qui divise. »
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La criminalisation de lâopposition affaiblit les bases mĂȘmes de la dĂ©mocratie. En effet, en dĂ©clenchant cette chasse Ă lâhomme uniquement pour empĂȘcher Guillaume Soro de se prĂ©senter Ă lâĂ©lection prĂ©sidentielle de 2020, Alassane Ouattara a attentĂ© au pluralisme politique, pourtant consacrĂ© par notre Constitution, assassinĂ© la libertĂ© dâopinion et privĂ© les Ă©lecteurs dâune alternative majeure. Cette stratĂ©gie court-termiste, axĂ©e sur la consolidation Ă tout prix du pouvoir des Ouattara, non seulement fragilise durablement la Nation, mais aussi ternit lâimage internationale de la CĂŽte dâIvoire. Les appels de plusieurs organisations de droits humains, comme Amnesty International, pour un respect des procĂ©dures Ă©quitables et des libertĂ©s fondamentales montrent Ă quel point le pays est ridiculisĂ© sur la scĂšne mondiale. La Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) a ainsi dĂ©crĂ©tĂ© souverainement et Ă deux reprises, que les poursuites engagĂ©es contre Guillaume Kigbafori Soro Ă©taient politiquement motivĂ©es, visant Ă lâempĂȘcher d’exercer son droit dâĂȘtre Ă©lecteur et dâĂȘtre Ă©lu, et de ce fait, devaient ĂȘtre annulĂ©es. Purement et simplement.
Pendant que le RHDP est au pouvoir et que ses dirigeants se dĂ©lectent de leur illusion de toute-puissance, ils doivent garder en mĂ©moire cette cĂ©lĂšbre mise en garde de lâĂ©crivain Albert Camus : « Un pays ne se juge pas Ă la maniĂšre dont il traite ses puissants, mais Ă la maniĂšre dont il traite ses opposants. »
Lâhistoire rĂ©cente de la CĂŽte dâIvoire montre Ă suffisance, que la rĂ©pression nâa jamais Ă©tĂ© une solution politique viable. Au contraire, elle ne fait quâexacerber les tensions et creuser les divisions. Câest la criminalisation dâAlassane Ouattara qui lui a permis de mobiliser des soutiens au sein de l’opinion, et de fĂ©dĂ©rer autour de lui ses “co-rĂ©gionnaires” et ses co-religionnaires pour lui permettre d’accĂ©der Ă la magistrature suprĂȘme. Mais Ă quel prix ? Gardons-nous de reproduire ces schĂ©mas qui ont fait tant de mal Ă notre pays.
Par đđđđđ đđšđźđŹđŹđ
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