Bénin

Affaire Owo-Lobè : la "position zémidjan" exigée à la victime avant sa flagellation, avoue un ministre lors de sa déposition

Bénédicte BANKOLE 9/09/2021 à 15:44

Ce mardi 07 septembre a eu lieu la deuxième audience du procès de l’Empereur de la fraternité Ogboni, Kabiessi Owo-Lobè et ses ministres dans l’affaire dite bastonnade d’un de ses employés, Ibrahim Zannou.

Ce mardi, l’Empereur Owo-Lobè et ses 08 ministres en prison ont fait leur déposition au tribunal de Cotonou. Malgré l’absence de la victime Ibrahim, l’audience a eu lieu. Selon son avocat, Me Filibert Béhanzin, son client a eu un malaise ce matin au moment où il s’apprêtait à venir à l’audience. Il serait en soin dans une clinique après le malaise, a ajouté l’avocat. Voici la déposition de chacun, rapportée selon Banouto.

Quid des dépositions des acteurs impliqués dans le dossier !

Un peu après 09 heures 10 minutes, Adam Abibou alias « Empereur Owo-Lobè » et ses co-accusés sont invités à se présenter devant les juges. Ils doivent répondre des faits de « coups et blessures » et « complicité de coups et blessures », mis à leurs charges par le parquet du tribunal de Cotonou.

Le premier convié à la barre est William Nouhoumin, le premier ministre de cette cour impériale de Owo-Lobè. A la question du juge de savoir, « Pourquoi avez-vous infligé des sévices corporels à Ibrahim Zannou ?, William N qui occupait le poste de secrétaire de l’empereur a répondu que c’est parce que la victime avait enfreint le règlement intérieur de la cour impériale. Il ajoute qu’il a été bastonné après une série de punitions en présence des autres ministres. « Je lui ai demandé de faire la position Zémidjan pendant 45 minutes à 1 heure de temps », détaille-t-il. A l’en croire Ibrahim Zannou n’est pas le seul à subir cette sanction de faire la position Zémidjan. Et tout ceci avec l’autorisation de l’empereur. Aussi le premier ministre affirme qu’un dénommé Spéro Akpanka fils de l’empereur a subi la même bastonnade. Mais lorsque le juge lui a demandé si la Cour impériale de Owo-Lobè est-elle devenue une juridiction ? Le premier ministre est resté bouche-bée.
Le ministère public a déclaré qu’il souhaite convoquer le nommé Spéro Akpanka dans le cadre de l’affaire.

Qui a publié la vidéo de bastonnade sur les réseaux sociaux ?

Qui a publié la vidéo de bastonnade sur les réseaux sociaux ?
Un peu avant 10 heures, Me Filbert Béhanzin, avocat de la victime, interroge le premier ministre après la série de questions-réponses du ministère public. « Est-ce qu’il y a une autre personne qui a assisté à la réunion de bastonnade de Ibrahim Zannou et qui a enregistré les vidéos ? », a demandé l’avocat. « Je ne saurai le dire. J’ai reçu moi-même les vidéos sur WhatsApp », a confié au tribunal le premier ministre. A la suite de cette question, le premier ministre a pouffé de rire.

Une réaction qui a suscité la colère de l’avocat de la victime.

A l’origine des déboires judiciaires de l’empereur Owo-Lobè et des membres de sa cour, la publication sur les réseaux sociaux d’une série de vidéos montrant le nommé Ibrahim Zannou victime de flagellation de la part de ses ministres. Mais qui a publié sur les réseaux sociaux ces vidéos de flagellation ? A cette question, pas de réponse.
L’empereur Owo-Lobè à la barre pour faire sa déposition.

Le juge chargé du dossier lui demande si sa cour dispose d’un règlement intérieur qui régit son fonctionnement. Owo-Lobè dans son intervention a donné l’impression de ne comprendre ce que dit le juge. Le juge est obligé de lui poser la même question sous une autre manière. « Oui, nous avons un règlement intérieur », va-t-il affirmer. « Quelles sont les sanctions prévues dans ce règlement intérieur ? », lui demande le magistrat. « Lorsque vous êtes en infraction, c’est renvoi », a-t-il répondu. Puis une série de questions-réponses.

Sur la question du juge à propos des corvées, il a nié tout comme celle relative à sa participation aux réunions

Qui a filmé la vidéo de bastonnade ?

Je ne sais pas. Je n’ai jamais pris ma main pour taper quelqu’un, répond l’Empereur. Par rapport à son fils qui a subi une flagellation, Owo-Lobè a laissé entendre qu’il a interdit les corvées
Lorsque le ministère public l’a interrogé sur celui qui a publié la vidéo sur les réseaux sociaux, Owolobè a déclaré avoir visionné la vidéo au lendemain de la vidéo avant que la vidéo ne fuite sur les réseaux sociaux. Il dit être abasourdi par ce qu’il a vu dans cette vidéo de bastonnade. Mais l’empereur dit ne pas savoir celui qui a publié la vidéo sur les réseaux sociaux.

Les autres prévenus à la barre

A 10 heures 30 minutes, Alice Bidozou, ministre à la Cour impériale est demandée à la barre. Interrogée sur les faits de bastonnade, elle ne prononce que deux mots : « Je regrette ». « Où avez-vous trouvé la lanière et les objets métalliques ayant servi à la bastonnade », lui a lancé le juge. « La lanière n’est pas pour l’empire. Je regrette le fait que nous ayons violé la loi », a répondu cette prévenue. « Les sévices corporels font-ils partie de votre règlement intérieur ? ». « Non, cela n’en fait pas partie », a-t-elle déclaré, rapporte la même source.
Après sa déposition, six autres ministres de la Cour impériale vont passer à la barre. Ils n’ont pas nié les faits. Certains ont imploré la clémence du tribunal. Un peu après 11 heures, le juge chargé du dossier a décidé de renvoyer le dossier au mardi 19 octobre 2021. Audition au cours de laquelle le ministère public va faire sa réquisition suivie des plaidoiries.




 
 

 
 
 

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