Chronique

Angela, « la dot, tradition galvaudée et sortie du contexte, instrumentalise la femme »

L’investigateur 3/11/2021 à 19:33

Ce que je pense de la dot

Très prisée dans les pays africains, la dot représente le mariage traditionnel. Au départ symbolique, faite de noix de kola et autres présents que l’homme offre à sa belle famille, elle a pris une allure plutôt prestigieuse.

Moi aussi, j’ai eu la mienne. Nous l’avions fait le soir du jour du mariage civil. Et aux dires de mes tantes, nous avions inversé les choses, et cela n’augurait rien de bon…

Aujourd’hui, je reste perplexe face aux tintamarres qui entourent ce mariage dit traditionnel qui précède tout le reste (civil et religieux). En plus, désormais la connaissance des parents (version africaine des fiançailles) vaut promesse de mariage au Bénin. Si nous femmes réclamons plus d’équité, d’égalité même dans les noms des enfants, la dot ne devrait-elle pas retourner à son symbolisme ?

Cette tradition galvaudée et sortie du contexte, semble instrumentaliser la femme. C’est exactement comme si l’homme venait dans un marché, pour choisir sur l’un des étalages un objet précieux à ses yeux dont il paie le coût. La question majeure est celle-ci : comment cet "objet précieux’’ (la femme dotée) peut-il ensuite revendiquer et faire à sa tête une fois sous son toit ? N’est-ce pas cette façon de faire qui explique que certains hommes manquent finalement d’égard à leurs épouses ?

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Que dire de ces jeunes femmes, arrivistes de tous bords, qui en ont fait un signe extérieur d’accomplissement social. Battant en brèche les fondements essentiels d’une vie de couple, on pressure l’homme à puiser dans les tréfonds de son être. Dans les familles où cohabitent plusieurs jeunes filles, c’est souvent la course à qui recevra, en premier, la dot. Viennent ensuite les comparaisons au sujet de qui aura la dot la plus fastueuse.

En définitive, la pratique, dans la plupart des cas et dans le contexte de notre société de plus en plus capitaliste, a perdu de tout son symbolisme pour devenir un vrai casse-tête pour les hommes.

Evidemment, je ne suis pas contre la pratique. Il existe bien des femmes dotées qui vivent heureuses, en étant totalement respectées dans leur couple. Je pose juste des questions au regard de l’allure matérialiste qu’elle prend de nos jours dans un contexte où nous nous battons pour l’égalité femme-homme. Je souhaite qu’on y réfléchisse ensemble. Pour moi, si nous voulons sortir de ce schéma de violences faites aux femmes dans nos pays africains, plus que les lois, c’est d’une profonde mutation sociologique que nous avons besoin. Mais en attendant, peut-être qu’on devrait s’en tenir au symbolisme initial de la dot et dans les termes définis par le Code des personnes et de la famille.

Angela Kpeidja




 
 

 
 
 

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