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Burkina : Sira, le film de la réalisatrice Apolline Traoré qui attire les attentions au FESPACO 2023

L’investigateur 1er/03/2023 à 22:22

SIRA, c’était le film en compétition le plus attendu des cinéphiles lors de cette 28è édition du FESPACO. Pour sa première africaine, ce mardi 28 février 2023 à Ouagadougou, le ciné Neerwaya était devenu trop exigu pour contenir tous ceux qui voulaient le suivre.

En effet, SIRA est un film de la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré. Il raconte l’histoire d’une jeune fille, peulh et sa tribu qui traverse le désert pour se réfugier au village de son fiancé. En pleine traversée, les hommes sont violemment massacrés. Le chef du groupe, Yéré décide d’amener SIRA pour s’être fait humilié par elle. Violée et abandonnée dans le désert, SIRA se retrouve seule et découvre le camp des terroristes, dirigé par Moustapha, le meilleur ami à son père et Yéré son violeur. Entre amertume, désolation et vengeance, SIRA décide de tout donner pour déjouer les plans macabres des terroristes.

En projection de presse ce mercredi 1er mars, le film a été présenté aux hommes et femmes des médias. La réalisatrice Burkinabè, Apolline Traoré, accompagnée de l’actrice principale SIRA, joué par Nafissatou Cissé, s’est prêtée aux questions des journalistes. Pour elle, l’histoire a été inspirée de la situation d’insécurité que vit le Burkina Faso. L’objectif étant d’apporter sa touche dans la situation qui sévit, et de montrer surtout le rôle de la femme dans la lutte.

« Je me suis dit que ce n’était pas possible, ce qui se passait dans notre pays. Nous avons été un pays très ancré dans la parenté à plaisanterie et notre peuple ne pouvait pas se déchirer (...) C’était important pour moi de mettre la femme en avant, pour montrer qu’elle participe aussi à cette lutte activement. Pas comme on le voit, où elles sont toujours la victime, mais qu’elles ont un grand rôle dans cette lutte contre le terrorisme », a déclaré Apolline Traoré.

Des conditions de tournage difficiles

A l’entendre, les conditions de tournage n’ont pas du tout été faciles, sur le plan financier et au niveau des conditions météorologiques. Le film devait être tourné au Burkina Faso.
Cependant, face à la recrudescence des attaques dans la zone du Sahel où devait se tenir le tournage, le plan a changé et le pays de tournage aussi. « Il a fallu que je trouve une autre solution, et la solution c’était de me déplacer dans un désert le plus proche et le plus sécurisé (...) et c’était la Mauritanie. Sachant que le budget était calé pour le Burkina et pas pour la Mauritanie. Il a fallu que je garde ce budget. On s’est rendu dans un pays qu’on ne connaissait pas et où il faisait 55 degré », a confié la réalisatrice burkinabè.

Malgré ces difficultés, elle a fait le tournage. « Ça été très difficile jusqu’au bout, mais on s’est tenu la main, on y a cru. On a pensé que c’était extrêmement important de le faire maintenant (...). On s’est battu pour y être et aujourd’hui, on est là », a confié Apolline Traoré, réalisatrice du film SIRA.

Pour Nafissatou Cissé, actrice principale, c’était compliqué pour elle « sur le plan émotionnel et physique », d’être dans la peau de ces femmes (femmes sous l’emprise terroriste, Ndlr) qu’elle incarnait. Selon elle, le rôle incarné dans SIRA, « c’est l’espoir de ces femmes. C’est aussi leur donner la voix, parce qu’on laisse les femmes derrière. C’est aussi une façon de dire que rien n’est perdu, et qu’on est tous ensemble, on va lutter pour que cette guerre se termine ».

La réalisatrice a fait part de sa surprise, en l’occurrence de l’accueil du film par les cinéphiles et de l’engouement autour. « Je ne m’y attendais pas du tout. Parce que j’ai jamais eu aussi peur de montrer un film (...), car il est sensible, il est frais dans le cœur des burkinabè, des sahéliens. Et j’avais très peur de comment chacun allait réagir », a laissé entendre Apolline Traoré qui rajoute qu’elle « est très reconnaissante de ce qui se passe ».

A noter que SIRA est le seul film burkinabè en compétition pour le plus prestigieux des prix du FESPACO, l’Etalon d’Or de Yénenga. Les burkinabè nourrissent l’espoir de revoir le trophée à la maison pour la 3e fois, depuis 1997 avec Gaston Kaboré.

Alphonse SININI / Correspondant Burkina




 
 

 
 
 

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